Fantômes du passé

Le brouillard progresse à travers les sombres champs,

Le hurlement des loups emplit l’obscurité,

Ô Lune, pleine et menaçante, hululée,

Quel est donc cet étrange endroit ensorcelant?

Des visages apparaissent successivement,

Pour s’évanouir aussitôt dans les ténèbres.

Cet endroit regorgeant de silhouettes funèbres

Est en tout point le contraire de rassurant.

Condamnés, à tout jamais, à fouler nos terres,

Leur étant impossible de trouver quiétude,

Ils doivent affronter cette destinée rude,

En tant que revenants et démons délétères.



Me voici propulsé sur ces terres hostiles,

Terres imprégnées de souffrance et de douleur,

Environnement malsain où règne la peur,

Rendant le plus robuste des hommes sénile.

Affres et supplices sous la plus horrifique

Des lumières me sont ici-bas infligées,

Mon âme ainsi menée au plus haut des sommets

Du paroxysme de la douleur, mort scénique...

Je crois entendre au loin des vociférations,

Mais je ne peux distinguer ces sombres prières,

Devant avoir pour but d’atteindre Lucifer,

Et provoquant en moi ces terribles frissons.



Êtres impies, graciez moi, démons du passé!

Ayant eu l’honneur de traverser l’Achéron,

Schéol homologué par Éaque et Charon,

Je n’aspire plus qu’aux eaux sombres du Léthé.

Étrangement attiré, comme par magie,

Le sabbat a finalement raison de moi,

Et je ne puis désormais contrôler mes pas,

Effets néfastes de cette sorcellerie.

Ayant perdu tout contrôle du propre corps,

Je m’avance à grands pas vers ce gouffre béant,

Rien d’autre que ténèbres noires y voyant;

Et le mal, et la mort; et le noir, et la mort...



Quelle fin plus réaliste que la mort même ?

Voici profanées les plus intimes pensées

De mon âme abîmée, déchue et fragmentée.

Il ne me reste désormais plus qu’une chose,

M’allonger et jouir du plus profond des sommeils,

Afin de laisser reposer mes plaies vermeilles

                                                                        [À jamais...]

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